mercredi 17 juin 2015

"Faut il transformer nos églises désaffectées en mosquées ?" La réponse en quelques lignes





Un sondage ignorant et orienté
 
La question provocatrice qui est apparue sur RTL et sur M6 ce 15 juin 2015 de savoir si l'on pouvait après tout transformer des églises "désaffectées" en mosquées  est orientée et révèle une étonnante ignorance :
1) d'abord parce que s'il fallait convertir tous les lieux vides en mosquée, pourquoi ne pas faire une mosquée du CESE (Conseil Economique et Social) par exemple. Situé place d'Iena, il présente le double avantage d'être vide et inutile.
2) ensuite parce que la question révèle l'ignorance profonde des médias de ce qu'est une église.
Même si, en  dehors de quelques paroisses très fréquentées, nos églises donnent -c'est vrai- l'impression d'une solitude et d'un désert, une église n'est pas une salle de prière.
Laisser croire que cela reviendrait au même d'y laisser officier un imam est une profonde sottise.
3) Ce n'est pas parce que nos églises sont peu occupées qu'elles sont vides.
L'église n'est pas une salle de prière qui n'existerait que par la fréquentation des fidèles. L'église est habitée par la présence réelle. C'est un lieu saint. Non pas parce qu'il est béni et que c'est la maison des catholiques, mais parce que Dieu y est présent.
Lorsque vous entrez dans une église, il y a cette présence réelle  permanente symbolisée par la petite veilleuse rouge qui brûle proche du tabernacle qui contient le Saint Sacrement. Sauf à la veillée pascale où elle est éteinte, cette lumière reste allumée nuit et jour et signale la présence du Seigneur.
C'est pourquoi lorsque les fidèles entrent dans l'église ils font la génuflexion pour saluer, non pas le prêtre, non pas le lieu, non pas la messe, mais Dieu présent par cette petite lumière.
 
La présence réelle signifie donc que ce lieu saint est habité et qu'il convient d'y pratiquer le saint sacrifice de la messe. Et cette messe se pratique jusqu'à parfois 5 fois par jour, sans qu'il soit besoin d'une assistance. Le prêtre dit la messe en hommage à Dieu, dans une action de grâce, non pas pour les hommes présents, mais pour Dieu.
C'est pourquoi il est faux de dire qu'une église, si elle est peu animée, si on n'y prononce guère plus d'une messe par semaine (faute de prêtres et de vocations) est désaffectée ou abandonnée.
 
On ne ferme pas des églises comme des lignes de TER ou des guichets de bureaux de Poste
 
Nous ne pouvons laisser parler des églises comme des équipements de service publique surnuméraires. Il ne s'agit pas de fermer des maternités pour rationnaliser un service au public, ou de condamner des lignes de TER ou des bureaux de Poste devenus non rentables : nous parlons de lieux saints, bénis spécialement, dont les autels recèlent des reliques saintes. 
Ces lieux sont habités et accueillent aussi les fidèles, venus prier isolément ou communier aux messes s'ils le désirent.
Les fermer pour des raisons statistiques de fréquentation reviendrait à nier leur caractère sacré.
 
A la décharge des médias, la désacralisation du lieu de culte église qui devient un temple comme un autre correspond à une perte du sens du sacré chez les catholiques eux mêmes
On observe depuis Vatican 2 et la réforme de Paul VI, que le « peuple de Dieu» tend à considérer l'église comme un temple dont la seule présence divine ne serait plus incarnée que par le prêtre in personna christi. Dés lors peu important le lieu, le nominalisme aidant, tout se valant, on peut bien faire la messe sur une aire d'autoroute et pourquoi pas dès lors laisser l'église devenir une mosquée...
 
Malgré ce nominalisme et cette désacralisation de l'église, malgré l'anticléricalisme à l'œuvre dans notre pays depuis plus d'un siècle, les français qui ont répondu au questionnaire ont, dans une sublime intuition (reste de méfiance paysanne et d'intuition populaire) très nettement préféré garder leurs églises.
93% ont répondu qu'ils préféraient les garder vierges de tous musulmans, soupçonnant que dans le silence du recueillement de nos églises, dans la poussière sacrée et millénaire qui les recouvrait, il devait bien y avoir quelque chose de sacré qui méritait d'être protégé en France...


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