lundi 15 juin 2015

le rock à papa

 
Comme les générations passent et ne se ressemblent pas :
 
Les jeunes qui ont vécu 39-45 ont eu leur vacarme de bombardements et rêvaient de douceur retrouvée.
Ceux qui ont suivi la fin de la guerre ont voulu leur vacarme à eux, leur guerre à eux dans un monde lisse apaisé où l'ère nucléaire et la guerre froide pointaient leur nez;
Ceux des dernières années de la décennie 60 ont fait la guerre, leur guerre : une guerre facile et égoïste, contre les parents, contre le vieux monde, contre la tradition. On a hérité alors de Vatican 2 des drogues et autres véroles modernes indélébiles. C'est là que tout a vraiment été de travers.
 
La bande son des années 70 était autrement plus nihiliste car de part et d'autre du mur de fer, on avait de quoi réduire en poussière les jeunes, les vieux, le monde ancien et le monde nouveau.
 
Pour la 1ère fois le sentiment d'imminence dictait sa loi : vivre avant que tout ne bascule sous le feu nucléaire. Difficile à croire pour les générations post 1989 : le russe était l'ennemi et nous étions au beau milieu du champs de tir où que l'on se trouve. Effrayante peur lancinante, cauchemar permanent et frustration totale de l'absence d'éternité.
 
En fond musical de tout cela, avant le synthétiseur, avant la beauté électronique, la musique se voulait d'abord révolte, rituel expiatoire, jouissance bruitesque intense. Elle s'accompagnait d'une clanisation de la jeunesse.
Les générations furent alors séparées.
Plus la musique du jeune était inaudible, plus ses parents étaient dépassés, exclus, exclus du clan, livrés à l'excommunication et au déclassement. Plus le rock, le punk, puis le hard rock, le métal tenaient à distance les parents, plus on avait le sentiment d'exister en tant que jeune.
 
Aujourd'hui, c'est compliqué: les parents continuent d'écouter les musiques de ces années de révolte rock, devant des adolescents et pré-adolescent auxquels ont fait comprendre qu'ils sont "nuls", "sans originalité", "sans révolte", "sans combats", "sans idéaux" et sans goûts pour la vraie musique.
Aujourd'hui les jeunes ne peuvent se démarquer vraiment de leurs parents.
Certains parents divorcés, vivent même une seconde jeunesse, une seconde vie et font plus la fête que leurs rejetons pressés par l'école et les leçons à réviser. Les adultes s'habillent comme leurs enfants.
Aujourd'hui ce sont les parents qui vont aux concerts pendant que leurs enfants sont priés instamment de réussir dans la vie.
Les enfants, eux regardent leurs parents d'un air désolé, pas du tout admiratifs, un peu exclus finalement à leur tour.
Finalement les seuls dont les enfants pourraient se démarquer ce sont de leurs grands-parents mais justement, parce qu'exclus de l'univers de leurs parents, ils préfèrent les vénérables grands parents. Ceux là sont plus stables, ceux là ne leur piquent pas leur jeunesse. Et puis, ils leur parlent de la nostalgique beauté des temps un peu plus anciens.
Et ils ne comprennent pas pourquoi papa voulait tout casser de ce beau monde, pourquoi il disait que le travail et la famille c'était ringard, pourquoi réussir, croire et aimer le beau c'était "bourgeois", pourquoi la drogue et le formicat  cela était mieux que le bénitier et les soirées au coin du feu.
 
La musique de papa c'était sans doute chouette pour papa mais on aimerait bien parfois qu'ils deviennent de grands papas ces papas super-cools.
 
 
 
 

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